Retour sur les Championnats du Monde de KO Sprint, Par Loïc Capbern

Juil 16, 2022 | Actualité, Commission sportive, Haut niveau

Loïc Capbern signe une performance historique aux Championnats du Monde de Sprint, décrochant une 5ème place mondiale.

Le coureur français a brillé lors des Championnats du Monde de Sprint en réalisant un parcours exceptionnel, marqué par une préparation intensive et une stratégie payante. Malgré une course finale compromise par une erreur de navigation, Capbern a su tirer son épingle du jeu et s’imposer parmi l’élite mondiale. Cette performance remarquable est le fruit d’une combinaison de talent, d’une condition physique optimale et d’une maîtrise parfaite des techniques de course d’orientation en milieu urbain.

Récit par Loïc Capbern : Une Performance Exceptionnelle et des Émotions Intenses

 

Je suis arrivé sur ces WOC avec ma meilleure préparation jusqu’alors, en jouant à fond la carte de la spécialisation sur ces championnats sprint, mettant un peu de côté la forêt (snif). Une préparation marquée par une augmentation de l’intensité associée à une baisse du volume, et pas moins de 80 séances de sprint carte en main depuis février.

Le KO, c’est vraiment la grosse journée, avec une qualification individuelle le matin et les phases finales l’après-midi (quart, demi, finale).

Peut-être que la course avec le plus de pression a été la qualif. C’est ma première course de la compétition, j’ai beaucoup d’attentes sur l’après-midi et on sait que la qualification se joue souvent à pas grand-chose. Une course assez technique avec des choix difficiles à juger et des passages parfois peu visibles sur le terrain. Je fais le choix de vraiment marquer des arrêts aux postes, prendre le temps de bétonner les choix et courir assez généreusement entre les balises. Technique payante, je passe en quart assez largement.

Le choix des poules effectué, je me rends compte que j’avais sous-estimé les quarts. Finalement, c’est le WOC donc toutes les poules sont très relevées et ça cogite pour la stratégie à adopter afin de finir dans les trois premiers. Dans l’idée, ayant assez bonne confiance en mon finish, ma stratégie est de rester dans le groupe, ne pas prendre d’initiative sur les longs itinéraires, vérifier que les meilleurs coureurs font le même choix, augmenter le rythme dans les grandes tirées pour commencer à émousser les organismes, et être placé sur les derniers postes pour que le finish suffise. Le quart se passe comme sur des roulettes, j’anticipe la fin du circuit en allant au premier poste, les 6 coureurs restent groupés sur les mêmes choix, j’arrive sereinement sur le dernier poste en deuxième position et termine fort pour ne prendre aucun risque. Je termine à la première place de mon quart.

Ensuite place aux demis. Presque avec moins de pression, l’objectif étant déjà quasiment rempli. Ça part assez mal, je tombe quelques mètres après le départ en descendant de l’estrade. C’est rude et ça fait mal mais je décide de passer outre, je choisis de me replacer assez rapidement dans les trois premières positions quitte à ne pas lire la carte pour rester motivé et oublier la douleur. C’est bien la panique dans la première partie de course, je retourne ma carte au bout de trois postes (alors qu’il en restait encore deux avant le map flip), et beaucoup de mal à me remettre dedans, à savoir où on est et où on va. Je reste seulement concentré sur le placement au sein du groupe. J’arrive bien à me remettre dedans après le poste spectacle. S’ensuit une grosse accélération du Norvégien sur le dernier long choix, je vois que j’arrive à suivre et prends le dernier poste en troisième position. Là je me dis pourquoi pas, je donne tout ce que j’ai dans le couloir, je me jette sur la ligne et je décroche la deuxième place qualificative pour la finale.

Je suis quand même bien amoché et le kiné fait le nécessaire afin que je puisse repartir pour la finale. Personnellement, avec un top 6 assuré, je suis déjà sur un nuage. La finale est difficile à négocier, ça part tout de suite beaucoup plus fort que sur les autres courses et c’est vraiment difficile de faire sa place. Ayant déjà été bien généreux dans l’effort depuis le début de la journée, je ressens dès le départ une vraie sensation de fatigue. J’arrive à rester au contact sur les trois premiers quarts de la course mais en subissant bien la vitesse et l’orientation des autres coureurs. Seul le coureur anglais est un peu décroché après une petite erreur de navigation dans les premiers postes. En allant vers la balise 8, je lis le circuit à l’envers. Je fais une petite virgule dans la direction du poste 9 en espérant que les autres l’avaient oublié. Je me rends rapidement compte de mon erreur, mais les 30 mètres que je perds à ce moment-là (juste avant le choix décisif pour rentrer à l’aréna) sont rédhibitoires lorsque tout le monde produit son effort. Un peu rageant de ne pas pouvoir participer à l’emballage final, mais cela montre que j’étais trop juste pour arriver à rester en contrôle avec cette vitesse. J’arrive tout de même à contenir l’anglais et conserver ma 5ème place.

Avec du recul, même si la médaille était toute proche, l’accession au top 6 mondial avec cette 5ème place est complètement dingue et dépasse toutes mes espérances.

Bravo Loïc, superbe performance ! (Ndlr)

Note : KO Sprint

Knockout Sprint

Depuis 2018, la fédération internationale a créé un nouveau format de course le « Knockout Sprint ». Se déroulant en milieu urbain avec les mêmes exigences que le sprint, mais dans le but de rendre la CO plus spectaculaire, plus télévisuelle, plus intense.

Une phase de qualification sur un sprint format « normal » en contre-la-montre. Les 36 meilleurs de ces qualifications accèdent aux phases finales.

La phase finale est composée de quart de finale (6 quarts de 6 concurrents avec les 3 premiers qualifiés), demi-finale (3 demi-finales de 6 concurrents, dont les 2 premiers qualifiés) et enfin finale, avec une confrontation directe qui oppose chaque fois 6 coureurs lors d’un départ en masse, avec des cartes sans variations (pour les WOC 2022), mais avec des choix d’itinéraire.

Note 2 : Map Flip

Map Flip : Retourner la carte qui est imprimée recto-verso.